WALKING 2012
Avec « Walking », Paolo Topy nous invite à une pérégrination noctambule et urbaine, à un parcours, une rêverie poétique et paresseuse où les lumières de la ville attirent. « C’est ici la paix maintenant ; c’est ici la joie de la famille ! » semblent dire les fenêtres éclairées de couleurs chaudes. L’image bascule. Ces même lumières se confondent bientôt avec celles des étoiles et de la lune. L’omniprésence blafarde et fantomatique de cette dernière hypnotise et crée une atmosphère toute à la fois étrange, silencieuse et lourde. La dernière photographie de cette série donne à voir une vision blanche et hallucinée, celle d’un visage d’où émane une lumière faisant écho à celle de l’astre, à l’état d’âme de l’artiste, aussi, à ses préoccupations, réflexions et angoisses. Il s’agit, peut-être, de la vision « d’un infortuné que le soir ne calme pas » pour reprendre, à nouveau des mots de Charles Baudelaire. Nos impressions se troublent, se fragmentent, se dispersent dans cette lumière et l’on pense au poème du même : « Tristesse de la lune » tiré de son recueil « Les fleurs du mal » publié en 1857, et tout particulièrement à ces vers : « Un poète pieux, ennemi du sommeil / Dans le creux de sa main prend cette larme pâle / Aux reflets irisés comme un fragment d’opale / Et la met dans son cœur loin des yeux du soleil ». Avec ce triptyque, Paolo Topy évoque avec, il faut l’avouer, une impudeur intellectuelle rare chez lui, ses préoccupations du moment : évoquer l’éternel du ressenti au-delà du transitoire, de la fugacité de nos existences.
Yves Peltier