DRESS 2014
Photo
La vitrine d’un « grand couturier », la nuit : cette image, en apparence banale, prise lors d’une balade nocturne a, de manière surprenante, un pouvoir d’évocation très grand.
L’allure fantomatique du vêtement, une robe blanche, domine. L’atmosphère, bien que précieuse et sophistiquée, est presque lugubre. Ce vêtement, mis en scène à l’excès, devient un objet autonome en soi et, en vérité, dissocié de sa fonction première : revêtir. Revêtir pour protéger mais aussi pour « dire et affirmer » le moi de l’être qui serait sensé le porter et permettre, dans un rapport à l’autre immédiat, une identification, permettant l’amorce d’un échange. En fait, l’humain semble avoir été, ici, relégué au second plan. Tout est, en vérité, figé, froid et calculé. Le corps humain auquel cette robe fait référence et est destinée ne sera finalement qu’un mannequin déambulant au service d’autres enjeux. La femme et son corps, soit disant objets de toutes les attentions, « sublimés », n’auront-ils été qu’un prétexte bien accessoire à une introspection égocentrique et orgueilleuse de la part du créateur et pris en otages, de manière cynique, des stratégies puissamment mercantiles de la mode ?
Yves Peltier