CERISE DE PRINTEMPS 2013
Avec « Cerise de Printemps » Paolo Topy aborde un sujet mainte fois traité tout au long de l’histoire de l’art, celui de la femme et de ce que son « sexe », en tant que genre autant qu’en tant qu’organe, a de fascinant. Mais son approche est autre. Ici, ce sexe contrairement à ces illustres prédécesseurs est caché part une petite culotte bleu ponctuée de motifs de cerises, de fleurs et de feuilles. Il s’agit d’un élément trivial, populaire. Le genre de sous vêtement vendu à prix réduit par lot en grande surface dont la délicatesse un peu gauche, la pudeur un peu naïve et quasi infantile contraste avec ce corps qui est celui d’une femme mûre. La carnation de la peau cache mal les vergetures qui entrent en résonnance avec l’état du mur devant lequel cette photographie a été réalisée. Un mur décrépi qui est un écho au marbre d’un Canova décidément trop pur, trop blanc et trop lisse pour être honnête ou celui d’un Hiram Powers trop moral, trop chaste. Les représentations classiques et néoclassiques du corps féminin matinées de références bibliques ou mythologiques très convenables et même la « Naissance du Monde » en prennent un coup. Ce cliché n’a pas vocation à dévoiler une réalité du corps plus crue encore que dans le fameux tableau de Gustave Courbet conservé aujourd’hui au Musée d’Orsay mais plutôt une réalité sociale plus dérangeante. Il nous montre non pas un sexe idéalisé, désirable pour sa chaire sublimée par la matière noble d’un marbre ou par des teintes picturales à la manière d’un Titien ou d’un Véronèse mais plutôt une réalité touchante par sa fragilité et sa générosité. Cette femme est une mère. Son corps en porte les stigmates. Il est abimé, meurtri. Il a réellement donné naissance au monde. Nous sommes loin des clichés érotiques communément admis. Ce sexe de femme ne s’exhibe pas au regard de quelques érotomanes amateurs d’art, bien au contraire. C’est cette pudeur, un peu maladroite, qui rend ce sexe non pas sexuellement désirable mais très émouvant et fascinant.
Yves Peltier